Michel Gauthier, Yamou
L’opus premier, « officiel », de l’œuvre d’Abderrahim Yamou date de 1989. L’artiste a trente ans. Il peint depuis quelques années, a même déjà exposé en galerie, mais il ne considère aujourd’hui ses travaux d’avant 1989 que comme des essais, qui ne témoignent pas encore du projet, de la perspective qui définissent une œuvre, fût-elle embryonnaire.
Hanane Harrath, Efflorescence
On se tient devant un tableau de Yamou comme se tiendrait un enfant à l’orée d’une majestueuse forêt, à la fois attiré et intimidé par son puissant et silencieux mystère. On se sent invité, et même plus, littéralement convoqué, à retrouver un monde à la fois familier et inconnu.
Marta Moriarty, Je suis ça
En empruntant de nouvelles voies, Yamou obtient de la profondeur, des clairs-obscurs et des glacis oubliés. Ses tableaux présentent des formes vaguement géométriques, chargées de mémoire personnelle et collective.
Marie Moignard, Une inébranlable force de vie
Tout commence toujours quelque part. Une réaction en entraîne une autre. Ce sont les lois immuables de la nature. C’est aussi le modus operandi de Yamou.
Son œuvre ouvre de multiples portes sans toutefois toujours les emprunter.
Gustave de Staël, Une fluidité de peinture irrigue le souvenir d’une trop grande sècheresse
Sur le blanc des murs du grand atelier domine le ton vert d’une palette claire. A travers la fraîcheur des dernières peintures, je découvre un ensemble d’une parfaite cohérence esthétique. Précision du dessin au conteur d’une vision entière.
Mohamed Kacimi, Le geste mercurien
La peinture ouvre son abîme au moment où la matière se fait art univers, vie, où la peinture se fait peinture, où le geste mercurien cultive la virtualité du sens indicible, transcende les écritures, ratures, où la métaphore devient résonances archaïques de l’esprit.
Abderrahmane Ajbour, La grammaire des fleurs sauvages
Yamou aborde la Terre à travers certaines de ses composantes et selon une cosmovision adossée aux valeurs indéfectibles du vivant : la terre comme source ; la terre comme permanence ; et la terre comme devenir.
Bérénice Geoffroy-Schneiter, Cosmogonie végétale
Car il y a de « l’apprenti-botaniste » chez le peintre Yamou. Son pinceau se fait démiurge, engendrant des univers en apesanteur, des paysages oniriques et somptueux traversés de pollens en folie et de germinations.
Christine Buci-Glucksmann, La peau du monde
Que la peinture crée des abstractions paysagères qui cartographient le monde en ses multiples surfaces, tel est le défi des derniers travaux de Yamou. Car ici, un dispositif plastique identique, mais toujours varié, semble s’imposer comme un jardin d’Eden, où une figure blanche surgit parfois.
Michel Gauthier, La peinture en son jardin
C’est alors, en 1996, que le monde végétal s’empare de l’œuvre de Yamou. Sous une forme assez traditionnelle, avec la série des « Paysages » dans laquelle semble se négocier, non sans âpreté, un compromis entre l’abstraction des débuts et le désir d’une figuration végétale.
Mohamed Rachdi, Yamou ou le jardin atopique
Où s’enracine pour l’artiste une telle passion pour le jardin ? Quelles en sont les ramifications référentielles et les implications plastiques et artistiques ?
Si l’activité artistique de Yamou est portée à ce point par le jardin c’est sans doute parce que l’artiste, lui-même, est foncièrement porteur d’un jardin.
Emmanuel Daydé, Les nocturnes africains…
Au départ, ces tableaux, toujours abstraits, éprouvent la matière : ils couvrent d’une épaisse couche de terre ou de sable brun la surface du tableau, qui est ensuite martelée, comme une surface sculptée. Puis, peu à peu, l’envie de retrouver une matière plus picturale, libre et fine, se fait sentir et les figures apparaissent.
Edmond Amran El Maleh
Il y a une constante chez Abderrahim Yamou, on peut se risquer à l’affirmer, une constante qui est la nature même de son désir de peindre, c’est la sensibilité aigue, son attachement charnel à la matière, à la richesse de ses virtualités expressives.
Alain Macaire, Abderrahim Yamou
La très récente histoire du tableau dans la culture arabe cerne en effet une question que doit affronter tout jeune peintre arabe : où être ? Son œuvre doit d’abord faire l’expérience d’un sans lieu de l’espace, une sorte d’étrangeté historique à la peinture par lesquels il a fait le choix d’explorer la conscience moderne.